Malik Adouane - After Raï Party, 1992-2009

With 12'' insert & Redeem card including 7 bonus tracks.

Hormis Rachid Taha qui s’était permis quelques incursions sur les landes foisonnantes et vibrantes de la techno, aucun chanteur raï autre que Cheb Malik ne s’est aventuré sur ce terrain connu pour son effusion abondante de son. Quand on connaît les ascendances de Malik Adouane, on n’en est guère surpris. Né à Librecourt, à proximité de Lens, il est le fruit d’une union mixte entre une mère italo-celtique qui lui a inculqué les sonorités occidentales et un père, ancienne « gueule noire », natif de Biskra, dans le Nord-est algérien, une palmeraie ouvrant sur le désert, musicalement renommée pour son diwan très remuant défini comme un opéra saharien. En sus, la ville est réputée pour sa chakhchouka, un plat signifiant mélange riche en divers ingrédients et épices. Comme la musique pour laquelle a opté le fan de James Brown, Barry White et des secousses orientales et raï. Il y songeait déjà, mais le rêve a mis du temps et a longuement macéré avant de se matérialiser.

En janvier 1986, bon nombre d’idoles du raï se sont pointées à Bobigny lors d’un festival historique et fondateur. Au milieu des spectateurs, le jeune homme vêtu de cuir noir, qui allait assurer la sécurité des concerts de nombreuses stars avant d’en devenir lui-même une, se frottait les yeux non pas éblouis, mais embués par une nostalgie qui était restée ce qu’elle a toujours été. Alors, lui dont la tête est emplie de sons chaudement recommandés par les meilleurs DJs entreprend, un brin provocateur, de se poster à l’avant-garde avec un nouveau concept baptisé « After raï » qui synthétise à la fois le miel du passé le plus précieux et une audace créatrice proche de l’incontrôlable. Il s’agit là d’un baume bâti en éprouvette-studio à base d’un mix de mélopées et de lyrics arabisants, une sorte d’« Arabeat », et de modernité arrogante crachée par des samplers, des tourneries électroniques, des basses rugissantes et des guitares sonnant house. L’apothéose en sera une reprise magistrale du Shaft d’Isaac Hayes qui avait semé le feu sur les dancefloor de Paris, Londres, Ibiza ou New York dont le retentissement international doit beaucoup à sa figuration sur une compile Paris Dernière concoctée par Béatrice Ardisson, ainsi que sur l’emblématique série Buddha Bar de Claude Challe. Alors, on danse ?